jeudi 29 mars 2007

Le pouvoir se partage-t-il ? Part 1

Deux brèves et un auteur m’ont inspiré ce post.

Irlande du Nord

Au cours d’une rencontre historique, lundi 26 mars, les dirigeants des principaux partis d’Irlande du Nord, le protestant Ian Paisley (DUP) et le catholique Gerry Adams (Sinn Fein), se sont mis d’accord sur la date du 8 mai pour un partage du pouvoir. Après plus de trente ans de tensions, d’attentat, d’apartheid religieux, et de lutte armée, l’Irlande trouve une solution pour vivre dans la paix. L’IRA (l’armée républicaine Irlandaise) avait rendu les armes l’année passée. C’était un début. Il ne lui restait plus qu’à faire de la politique pour se faire entendre.


Côte d’Ivoire

Guillaume Soro a été désigné premier ministre de la Côte d’Ivoire. Après une semaine de tractations à Ouagadougou au Burkina Faso, un accord additionnel entre les représentants du président Laurent Gbagbo et des Forces Nouvelles a été signé, lundi 26 mars, dans la continuité de l’accord du 4 mars signé entre les deux partis. Après la tentative de coup d’Etat contre le président en 2002, par les Forces Nouvelles a été suivi d’une guerre civile et du partage du pays en deux (Au Nord, les ex rebelles des FN dirigés par Soro, au Sud le gouvernement en place). L’accord de paix du 4 mars prévoit la réunification du pays et la tenue d’élections dans un délais de dix mois.

Max Weber (1864-1920)

C’est l’un des plus grands sociologues de l’histoire. Il a beaucoup travaillé sur l’économie, le droit et la religion. Il est le promoteur d’une sociologie « compréhensible qui étudie les phénomènes sociaux en se référant à des « types idéaux ». Il a énuméré plusieurs instruments conceptuels heuristiquement féconds. (En d’autres termes, c’était un intellectuel transdisciplinaire où la connaissance n’avait pas de frontière. Il a conçu des modèles et des définitions approuvés par tous.) Notamment l’étique de la conviction et de la responsabilité, une définition de l’Etat, l’éthos religieux et la neutralité axiologique du pédagogue et du chercheur.

A la lecture du livre, Le savant et le politique (1919), nous retiendrons pour cet article, une certaine vision de la politique et de ses acteurs.

Les trois éléments mobilisateurs énoncés vous semblent certainement lointains les uns des autres. Mais la question du pouvoir est centrale.

Max Weber critique vivement la fonction de l’Etat. Aucune tâche ne lui est exclusivement attribuée. « Il n’existe en effet presque aucune tâche dont ne se soit pas occupé un jour un groupement politique quelconque. ». Sociologiquement le moyen spécifique qui lui est propre, se trouve d’être la violence physique et la répression. La civilisation des mœurs et la pacification de la vie sociale sont le résultat du monopole de la violence physique légitime par l’Etat (Même si ce n’est le résultat escompté). Il est l’unique source du droit à la violence.

La politique est « l’ensemble des efforts que l’ont fait en vue de participer au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir entre les Etats, soit entre les divers groupes à l’intérieur d’un même état ».

Le politicien est un aspirant au pouvoir contrairement au fonctionnaire.

« Tout homme qui fait de la politique aspire au pouvoir – soit parce qu’il considère comme un moyen au service d’autres fins, idéales ou égoïstes, soit qu’il le désire « pour lui-même » en vue de jouir du sentiment de prestige qu’il confère. »

L’Etat consiste en un rapport de domination l’homme sur l’homme fondé sur le moyen de la violence légitime. C’est une domination de l’homme sur l’homme (et inversement !!). Ce pose donc la question de la soumission et des justifications de la domination.

Max Weber dégage trois fondements de la légitimité : la tradition, le charisme et la bureaucratie.

Le premier est la légitimité d’un homme comme l’ « éternel d’hier ». Il exerce un pouvoir traditionnel qui est enraciné en l’homme comme quelque chose d’habituel, perpétuel, et qui se doit d’être respecté. (Le pouvoir du roi après sa mort revient au fils du roi et non à sa femme ou à sa fille par exemple. La loi salique fait que la légitimité du pouvoir est traditionnelle).

La légitimité du pouvoir peut se faire sur le charisme d’un homme, sur sa « grâce personnelle extraordinaire », son « héroïsme », ses « qualités prodigieuses »…

La bureaucratie relève plus d’une légitimité par « les compétences positives ». L’autorité s’impose de façon « légale » et son chef se propose comme un serviteur de l’Etat obéissant à des obligations conformes, à des règles établies rationnellement.

Bien sur ces trois formes pures n’existe pas ou très rarement dans la réalité.

Une fois cet « idéal type » énoncé, l’actualité se prête à la théorie

Le cas de l’Irlande du Nord ne me préoccupe moins et ayant une connaissance moindre à celle de la Côte d’Ivoire, je serais bref. Si l’on s’en tient aux déclarations, les deux partis voulant partager le pouvoir, le Sinn Fein (catholique) et le DUP (protestants), souhaitent « réaliser ce que veulent les gens », c'est-à-dire « Nous voulons la paix, partager le pouvoir et travailler ensemble ». Bien sur polytrickssssssssssssss.

Parce que depuis trente ans peut être les gens veulent la guerre ? Foutaises. Voilà un exemple type d’une légitimité du pouvoir bureaucratique. Il essaie de l’accentué pour essayer d’atténuer le coté charismatique du premier ministre M. Paisley et surtout de son vice premier ministre, Martin Mc Guinness. (Ce n’est pas l’inventeur de la bière brune). C’est l’ancien commandant de l’IRA, la branche armée du Sinn Fein qui a perpétré des meurtres, des enlèvements, des attentats, des vols (notamment des millions à une banque d’Angleterre)… Un charisme plutôt partagé du coté des protestants.

Cet accord a été trouvé surtout car c’est la seule chance d’accéder au pouvoir pour les deux partis, sinon la province restera sous le contrôle de Londres pour une durée indéterminée. C’est aussi un deuxième hold up revanchard, assez juteux et tout a fait légal contre le « dominant » puisque Londres a accepté de donner une enveloppe de 51,4 milliards d’euros sur quatre ans. C’était en effet une sacrée bonne « opportunité » M. Ian Paisley. Le beurre (le pouvoir) et l’argent du …… colonisateur.

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En Côte d’Ivoire, la situation est finalement la même sous une joute plus accentuée. L’idée de compétition y est encore plus présente. Les efforts déployés par le Président Laurent Gbagbo pour garder le pouvoir « pour lui-même » (si l’on reprend Max Weber) sont dignes de sont surnom, le boulanger d’Abidjan Son surnom lui a été donné en raison de son aptitude à rouler tout ses adversaires politiques dans la farine.

Les houphouétistes en savent quelque chose. ........


coming soon

samedi 24 mars 2007

Bayrou Président ?

Et si François Bayrou était Président de la République. Ce serait une politique fiction pour certain.

Selon Raymond Barre, Valérie Giscard D'Estaing a été élu dans un contexte particulier. "Après l'inflation due au 1er choc pétrolier et aux relations tendues à l'intérieur de la droite entre Giscard et Chirac", la France avait "besoin de changement, de modernité" . Giscard etait "celui qui par sa jeunesse et aussi par sa dépendance car il ne faisait pas parti d'un parti puissant pouvait changer les choses. Une faible majorité de Français, pas beaucoup de gens, se sont prononcé pour lui et lui ont permis de gouverner la France. Il était un usurpateur aux yeux du PS et de l'UDR (puis du RPR). Il avait gagné le poste de 0,5 %..."

Ce contexte ressemble à celui de nos jours. Dans une inflation due à l'Euro, des relations tendues entre Sarkozy et Chirac malgré le soutien, une envie de modernité et de solidarité, de changement; Bayrou se disant du centre, dépendant du PS et de l'UMP pourrait être élu avec une très petite majorité (bousté par les "dégoûtés" de la politique qui ne voteront pas Le Pen cette fois).

La question est de savoir avec quel gouvernement ? Il pourra certainement en constituer un sans très forte alliance avec la gauche et la droite sans changer la constitution. Giscard la fait en appelant des personnes inconnues jusque là. Il existe de bons fonctionnaires qui n'ont pas de patriotisme de partis et qui seront à sa botte.

Faut-il passer à une nouvelle constitution ?Charles de Gaulles avait fait une constitution à sa personne pour un chef d'Etat qui préférait la France aux Français. Un chef d'Etat qui se plaçait au dessus de la mêlée pour faire émerger les intérêts nationaux. Jacques Chirac était son dernier héritier. Nicolas Sarkozy essaie de reprendre l'esprit sans un corps (Allez, il faut placer une petite attaque personnel: un si petit corps ne peut contenir un tel esprit). Nous sommes revenus à la république des partis, une confusion identique à celle de la IVe république. Il manque une grande personnalité à cette élection. (Les médias n'y sont pas étrangers)Alors François tu as peut être les français derrière toi, mais la constitution est contre toi. "On ne peut gouverner sans une majorité parlementaire". Les coalitions précédentes l'ont prouvé et une nouvelle serait suicidaire.

C'est dans ce contexte que François Bayrou pourrait se voir de façon inattendu au plus haut poste mais l'avenir en compromis si une nouvelle constitution ne venait avec lui.Les présidentielles sont une chose mais les législatives restent prédominantes. Le temps sera compté entre celles ci.

samedi 17 mars 2007

M.P.???

Triste anniversaire.
Il y a un mois jour pour jour qu'un haut fonctionnaire français est décédé. Nous allons voir si vous êtes fort en charade. (je vous est déjà mis sur la voix).
Mon premier est mort le 17 février 2007 à l'âge de 96 ans à La Francilienne, clinique de Pontault-Combault en Seine-et-Marne à la suite de problèmes cardiaques et pour une intervention sur son pacemaker(c'est devenu banal).
Mon second, comme secrétaire général de la préfecture de la Gironde pendant la Seconde Guerre Mondiale, a fait déporter 1 560 juifs,comme préfet de Constantine en Algérie et secrétaire général du protectorat au Maroc, a incarné la France coloniale et a joué un rôle important dans la guerre d'Algérie; comme préfet de Paris est responsable des massacres et tabassages de manifestants algériens du 17 octobre 1961 et des meurtres de la manifestation du 8 février 1962; comme maire, député, puis ministre de la République a été un gaulliste dévoué (je deviens plus précis).
Mon tout est le seul haut fonctionnaire français condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l'humanité pour des actes commis en tant que fonctionnaire du régime de Vichy tout en ayant été décoré des mains de Charles de Gaulles de la croix de commandeur de la Légion d’honneur.

Votre réponse .........................Le Maréchal Pétain (Non), Michel Debré (Non), Roger Frey (Non mais presque),Maurice Papon (Oui!!!!!!)

Maurice Papon a été jugé coupable d'avoir ordonné l'arrestation de 1 560 juifs, dont des enfants et des personnes âgées, entre 1942 et 1944. La plupart des victimes ont été déportées à Auschwitz. Il est le commanditaire du massacre du 17 octobre 1961, où une centaine d'algériens fut tués pendant le couvre feu (on parle alors de "ratonnade" et même de "St Barthélemy moderne").
Je parlais de triste anniversaire car la mort d'un homme n'est pas anodine ("Ne demande jamais pour qui sonne le glas, il sonne pour toi" John Donne) mais surtout parce qu'il a été enterré avec sa légion d'honneur sans jamais avoir regretté ses actes.(Les valeurs de la République Française si chères à notre Président Jacques Chirac dans son discours de fin de mandat semblent ébranlées).
La polémique a été de nouveau soulevée avec les déclarations de Raymond Barre (ancien Premier Ministre sous Valérie Giscard D'Estaing) défendant Maurice Papon. Il le qualifie de "Grand Commis de l'Etat".Pour lui, tous les fonctionnaires de l'Etat qui étaient en fonction à l'époque n'auraient dû abandonner leurs responsabilités : «Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu'il s'agit vraiment d'un intérêt national majeur». Et tel n'était pas le cas «car il fallait faire fonctionner la France».Raymond a dérapé, il est sorti d'une petite somnolence et a continué en oubliant de qui il parlait. Parce que on ne peut pas défendre Maurice Papon.. Si un fonctionnaire est fait pour fonctionner et faire fonctionner la France, il doit respecter ses valeurs (si elles ne sont pas qu'un mythe), en tout cas respecter des valeurs.( Tu ne tueras point, tu ne voleras point... c'est déjà un début (Une base très chrétienne je vous l'accorde, habitus sort de là)). Sa mort a fait grand bruit le jour même mais son enterrement avec la légion d'honneur s'est faite en catimini.
La vie finalement était sa seule punition et la mort sa délivrance (bien que la vie en résidence surveillée n'est pas très contraignante).
Ecouter l'interview de Raymond Barre :