mardi 3 avril 2007

Le pouvoir se partage-t-il (Part 2)

Le cas de la Côte d'Ivoire


En effet Laurent Gbagbo ne semble pas faire des concessions pour le plaisir. (Non loin de voir des complots partout, c’est plutôt très stratégique). Petits rappels historiques.

L’ère Houphouët-Boigny

La Côte d’Ivoire devient indépendante le 7 août 1960. Le premier président de son histoire est Félix Houphouët-Boigny. Il restera au pouvoir 33 ans. Houphouët-Boigny est très proche de la France, plutôt de gauche, proche de François Mitterrand. (Il a quand même fait toutes ses armes politiques en France en étant ministre délégué à la présidence du Conseil du gouvernement de Guy Mollet en 1956, ministre D’Etat sous Maurice Bourgès-Maunoury puis de Pierre Pflimlin, puis de Charles de Gaulles, puis de Michel Debré. Il participa activement à l’élaboration de la Ve République). On peut le qualifier d’un parfait fonctionnaire. Les gouvernements passent, lui reste. Il n’est donc pas arrivé au pouvoir par hasard. La France a placé un de ses meilleurs éléments qui pourra être maîtrisé et manipulé et déjà dévoué à sa cause. Grâce à une politique libérale, le pays devient prospère. Comparé au autre pays décolonisé, c’est l’un des seuls qui connaît une réelle réussite économique. On parle de « miracle ivoirien ». Le président est respecté gagnant les surnoms respectueux de « Vieux » et de « Sage de l’Afrique ». Mais l’économie va connaître des problèmes à la fin des années 80 avec l’écroulement du cour du cacao (l’une des grandes richesses de la Côte d’Ivoire). La corruption et les inégalités sociales règnent. A l’élection de 1990, le pluralisme politique devient légal (Avant on préférait l’injustice au désordre) mais il gagne quand même les élections face à un certain Laurent Gbagbo avec 84% des suffrages. Le Président mort en 1993 d’un cancer.

L’ivoirité

L’accession au pouvoir sera très disputée entre Henri Konan Bédié, Robert Guéï, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.

Les élections de 1995 voient remportées Henry Konan Bédié avec 96,44 % des suffrages, élections boycottées par Gbagbo. La question d’ « ivoirité » est mise en scène. Le Sage s’était battu pour une unité nationale entre les différentes ethnies (même si il favorisait les baoulés). Bédié est renversé par un coup d'État orchestré par le militaire Guéï, le 24 décembre 1999, venu « balayer la maison », « Nous sommes venus pour faire au mieux pour que les ivoiriens puissent effectivement orchestrer la bonne politique qui puissent être dans l’intérêt supérieur du pays, pour le bonheur du peuple et pour le salut de la République ». Tiken Jah Fakoly chante encore « Militaire Guéï tu nous avais promis rappelle- toi, rappelle toi » et « l’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé ». En 2000 des élections sont effectivement organisées qui opposent Guéï contre Gbagbo ayant écarté Alassane Ouattara parce qu’il n’était pas de nationalité Ivoirienne (même si il a été 1er ministre de Houphouët-Boigny). Gbagbo devient président.

Le 19 septembre 2002, un coup d’Etat est tenté par des rebelles venus du Burkina Faso. Les rebelles échouent mais une guerre civile éclate. Le pays est divisé en deux. De nombreuses tensions sont présentes entre les « rebelles », le gouvernement, la force Licorne déployé par la France et les casques bleus déployés par l’ONU notamment la manifestation des 6 et 9 novembre 2004. Les accords de Marcoussis ne sont pas respectés. Un accord politique semble donc avoir été trouvé ces derniers jours avec la nomination de Guillaume Soro chef des « rebelles » au poste de Premier ministre.

Gbagbo prépare les élections

En effet, les élections devaient déjà se dérouler l’année passée. Gbagbo a gagné un an prétextant une instabilité dans le pays. L’ONU l’avait lâchement autorisé en prolongeant Charles Konan Banny, l’ancien Premier ministre en novembre 2006 par la résolution 1721 lui donnant des pouvoirs élargis pour faire avancer le processus de paix et d’organiser des élections d’ici octobre 2007.

Avec la nomination de Guillaume Soro, Gbagbo pense se faire oublier sur le plan international, virer l’armée française et les casques bleus et être maître de la maison. Soro n’est qu’un syndicaliste peu puissant et toute cette stratégie semble être fait pour affaiblir les houphouétistes (Bédié et Ouattara) et être réélu tranquillement. Les houphouétistes s’agitent ces dernières semaines et oublient les querelles internes un moment pour rester dans les institutions et ne pas être isolés. Ils prennent des conseils et mettent la pression auprès de présidents étrangers (souvent des amis proches) (Wade, Tandja, Kufuor, Bongo, Chirac, à l’ONU…) et auprès de Soro.

Venant au secours de ces amis, Bongo propose « Suspension de la constitution, cohabitation de deux ans avec Gbagbo comme chef de l’Etat, Ouattara comme vice président, Bédié président d’une assemblé constituante chargé d’effectuer une nouvelle constitution et Soro, Premier ministre. » Mais ce n’est qu’un écho de Libreville qui résonne bien loin.

Même si les Forces Nouvelles se place sur l’échiquier politique ivoirien, le poste de Premier ministre semble bien être un cadeau empoisonné. Il lui faut encore arracher les pouvoirs à Gbagbo. Guillaume Soro n’est pas un technicien comme ces prédécesseurs. Mais ce semblant de paix s’apparente plus à une stratégie politique en isolent les adversaires. Laurent Gbagbo semble dorénavant prêt à faire face à n’importe quel candidat.

Le Népal ???

Une autre brève vient alimenter la question principale. A la lutte et la répression, beaucoup de gouvernement semble préférer les concessions.
En effet au Népal, cinq ministres maoïstes rentrent dans le gouvernement.
"Cela constitue une première dans ce pays où la lutte armée entamée en février 1996 par les guérilleros maoïstes a fait 13 000 morts. "C'est un jour historique pour le Népal", a estimé le chef maoïste Prachanda. "Un nouveau processus pour bâtir un nouveau Népal a commencé et notre responsabilité s'en trouve renforcée", a-t-il ajouté."

Mais à quelle fin ces concessions sont elles réalisées?

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