jeudi 19 avril 2007

Quand les instituts de sondages gouvernent.

Les instituts de sondages sont devenus une véritable industrie extrêmement lucrative. Il existe plus de 200 entreprises privées qui s’occupent de sondage d’opinion. Même si leurs principales activités restent les études de marché, les sondages d’opinion prennent une place de plus en plus significative.
Ils réalisent de nombreux sondages d’opinion pour les partis politiques qui ne sont pas rendus publiques. Ils forment la partie immergée de l’iceberg. Tous les jours les dirigeants de parti politique lisent leurs derniers sondages commandés aux instituts. Ceux qui sont diffusés dans les médias aussi nombreux qu’ils soient ne sont que la partie visible de l’iceberg.

Il existe une étroite connivence entre les instituts de sondage la politique et le patronat. Ce n’est pas pour rien que Laurence Parisot est la présidente du Médef. Il était une fois où c’était les patrons de la métallurgie sidérurgie (Ernest Antoine de Seillière) qui gouvernaient mais ce temps est résolu. Maintenant ce sont les patrons d’instituts de sondage. Laurence Parisot dirige l’IFOP (l’institut français d’opinion publique).

Il faut comprendre que les instituts de sondage gouvernent de façon manichéenne les politiciens et les médias. C’est une sorte de cercle vicieux entre médias, politicien, patronat et instituts où les derniers tirent le mieux leur épingle du jeu.
Pour se faire connaître des entreprises privées, afin de réaliser des études de marché, les instituts de sondage doivent êtes présents dans les médias. (D’où l’assignation du nom avec le sondage). Les médias payent chèrent des sondages qui leur apporte de l’encre à leur moulin et aussi de la publicité dans des médias concurrents (toujours en référence de l’obligation d’assigner l’institut de sondage mais aussi le commanditaire. Le journal du dimanche peut se faire de la publicité indirecte dans Le Monde). Les politiciens croyant au 4éme pouvoir des médias sont devenus des accros aux sondages. Ils se fient aux sondages et adaptent leur politique sous leur influence. Les entreprises privées, elles attendent le résultat des élections présidentielles et comparent avec les « pronostiques » précédents des différents instituts pour faire leur choix. Mais c’est sans savoir que le soir du premier tour et du deuxième tour, les plus grands instituts de sondage se téléphonent avant les résultats définitifs pour arranger les chiffres et éviter de trop se tromper. Si il y a un écart important avec les résultats finals, ils se seront tous tromper et pourront accuser les gens d’avoir été trop « flottant ». Si ils sont proches, ils gagnent de la crédibilité.

Une définition de sondage est nécessaire. C’est « une technique statistique qui permet de connaître certaines informations sur une population mère de référence se contentant d’étudier un échantillonnage représentatif constitué par un sous ensemble de la population déterminée soit au hasard soit en fonction de caractéristiques particulières ».
Le sondage atteint une réelle fiabilité à partir de 1000 personnes interrogées et doit se faire dans un temps relativement court. Il existe deux méthodes.

La méthode aléatoire consiste à tirer dans une base de données au hasard (Tout les 100 par exemple) les personnes que l’on veut interroger. La méthode comporte une incertitude. Il faut attribuer un correctif de plus ou moins trois pourcent (3%).
La méthode des quotas construit un échantillonnage représentatif de la population mère en utilisant des critères. Le recensement permet de connaître la population et les instituts se basent dessus. Le panel représentatif est composé avec quatre critères : le sexe croisé de l’age, la catégorie d’agglomération, la profession ou l’ancienne profession du chef de famille et le niveau d’étude. Il faut donc téléphoner jusqu’à que les gens interrogés représente le panel construit. (Cela peut prendre du temps quand il faut trouver une femme, chef d’entreprise dans une agglomération de moins de 50 000 habitants.)
Plusieurs critiques peuvent être formulées. Elle n’a aucune valeur scientifique cela a été prouvé mais on continue à l’utiliser en France et dans les pays sous développée. Tout les autres pays utilisent la méthode aléatoire.
Deuxièmement les critères choisis sont-ils pertinents ? Le sexe est un critère biologique qui n’a pas de poids dans notre comportement électoraux et n’a pas de représentativité générale. La coupure en classe sociale est plus pertinente, surtout si on se veut « néo marxiste » ou « bourdieusien », mais devient de moins en moins prégnant.

De façon plus générale, les sondages sont faits au téléphone et représentent donc les intentions de vote des personnes ayant un téléphone fixe. On demande une anticipation d’une action future, il est donc compréhensible que plus l’on avance dans l’échéance et moins ils ont de chances de se tromper. Les sondages ne représentent qu’une tendance du moment auquel il a été réalisé. Deux jours plus tard, il ne vaut plus rien. De plus ils ne sont que l’interprétation des instituts de sondages.

Une question scientifique se pose aussi. Il faudrait faire confiance et croire sur bonne foi des instituts de sondages qui refusent de divulguer leurs données brutes. Les méthodes utilisées répondent de la statistique mais une expérience scientifique ne se doit pas d’être reproduite dans les mêmes conditions par autrui pour être vérifiée. Même si elle est falsifiée, elle peut être acceptée faute de mieux. C’est le principe de la falsification. Les instituts semblent quand même avoir peur de dévoiler leurs données brutes.

Les instituts de sondage règnent en maître sur le patronat engendrant de l’argent et font la pluie et le beau temps dans les médias et la politique.

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